Aéroport de Marignane, vendredi 29 décembre à 15 h 15.
Le vol AF 6012 en provenance de Paris-Orly se pose. L’Airbus A320 roule sous des gerbes d’eau provenant des camions de pompiers de la plate-forme. Une tradition pour saluer un événement marquant.
Aux commandes de l’appareil Roger CAUVET (P66-classe 10, puis classe 3). C’est le dernier vol comme professionnel de l’arpète. Dernier vol qui ponctue un magnifique parcours. Dans le hall d’arrivée, je ne pouvais manquer ce rendez-vous et assister à la meilleure personnalisation de la simplicité.
Roger CAUVET débarque avec sur le dos un costume sur mesure taillé dans l’amitié et le respect, rappelant à coup de tags et d’insignes son passage à feu Air Inter. Les hôtesses de cette ultime équipée en perruque argentée, jouant les Cauvettes, glissent que toutes les passagères ont fait la bise en sortant de la cabine tandis que les hommes lui serraient la main avec chaleur. Il est vrai que l’équipage avait programmé ce dernier vol.
Beaucoup de navigants s’étaient portés volontaires pour effectuer ce vol en deux jours, avec comme périple, Marseille-Paris Charles-de-Gaulle, Toulouse Charles-de-Gaulle puis retour vers Toulouse et le lendemain Toulouse vers Orly et Orly vers Marseille.
Le dernier équipage, de g à d : Florence son épouse, Bastien le dernier de ses trois fils, Martial Rolly – co-pilote, ancien pilote de C 135 –, Pauline Ripert – hôtesse –, Roger Cauvet, et Chantal Canela – chef de cabine –
Roger Cauvet clôt son carnet de vol en totalisant 16 000 heures de vol dont 13 000 sur des lignes civiles et 3000 comme mécanicien navigant dans l’Armée de l’Air. Sa modestie tait qu’en 1988, au cours de la prise d’otages, il se faisait tirer dessus au cours de l’opération de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie.
À son pot de départ, outre le personnel navigant et sa famille, Roger présentait dans cette assistance des pistards ou des bagagistes aussi : “ Je me souviens d’où je viens, j’étais bien avec tout le monde. Je me rappelle en permanence combien il faut de personnes autour d’un avion. ”
D’aucuns auraient pu renier leur passé militaire, lui n’a pas manqué de me présenter comme son pote de promo, confiant nos années d’amitiés. “ On est rentré ensemble en janvier 1971, vous voyez ce n’est pas hier. ”
De g à d : Éva et Bruno Alberro, Bastien, Roger et Florence Cauvet
À la sortie de Saintes, Roger CAUVET choisit mécanicien moteur, passe par la base d’Istres au sein de l’escadron de ravitaillement en vol avant de devenir mécanicien navigant sur hélico. Il file de la base d’Aix-les-Milles chez Air Inter en 1990 pour voler sur Mercure.
Le programme de cet appareil s’arrête, Roger réussit les tests de pilote. D’abord, il sera copilote avant de devenir commandant de bord. Le long courrier ne l’intéresse guère : “ J’ai peut-être moins d’heures de vol mais plus d’atterrissages. Je dois en avoir 7000. ”
Bruno ALBERRO (P66)
Extrait de la revue « Arpète toujours » n° 125 du 1er trimestre 2018

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